Crouy‑sur‑Ourcq

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Eglise Saint Cyr Sainte Julitte


Cet édifice doit son nom à Saint Cyr, jeune martyr chrétien,
âgé de 3 ans, du IV siècle et à sa mère, Sainte Julitte.

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Discrète dans le paysage communal, l’église, par les caractéristiques de son clocher, trapu et carré, a été daté, par les historiens, du XII siècle. Cependant, elle a été profondément remaniée, excepté le clocher, par Méry de Sépoix, seigneur de Crouy, en 1550. Une légende crouycienne raconte que les habitants avaient, patiemment, récolté une somme d’argent importante en vue d’y contruire un nouveau clocher, cependant, devant le choix d’un nouveau clocher ou d’un développement local de la commune, ils avaient opté pour la construction d’une halle.

L’église, classée monument historique en 1910, possède une tour romane et sa double nef sous croisée d’ogive repose directement sur les piliers. L’un des vitraux de l’église met en scène les 2 bienfaiteurs, Méry de Sepoix et son fils, Robert, qui poursuivit l’oeuvre de son père au XVIème siècle. Le choeur possède des boiseries du XVIIème sièce et plusieurs vitraux du XVIème siècle dont les baies du choeur ont été restaurées par la commune de CROUY SUR OURCQ en 2010 et 2011 par la commune de CROUY SUR OURCQ.

Extrait de l’ouvrage « CROUY SUR OURCQ » (notes d’histoire) publié par Jean BOIVIN en 1983.

A l’inverse de l’église de May, perchée sur le coteau, l’église de CROUY ne se voit pas de loin. Située dans la vallée de l’Ourcq, elle ne cherche pas à dominer ; le voudrait-elle que son clocher ne s’impose guère aux regards. Sans doute est-il trop vieux.

LE CHOCHER : Trapu, carré, bien assis il est du XIIe siècle. Il y avait donc une église à Crouy à cette époque. Etait-ce la toute première ? Il y en avait-il une autre avant qui aurait été totalement rasée ? C’est possible, mais nul ne le sait. Sur l’emplacement de celle du XIIe on a reconstruit déjà en partie au XIVe comme l’indique le latéral sud, puis au XVIe en gardant cette partie encore valable. Ceci explique que notre clocher soit si bas ; l’église construite au XVIe l’a presque dépassé. Le gros pilier, près des fonts baptismaux, l’escalier qui monte au grenier au-dessus des voûtes et qui paraît inachevé, comme en attente pour s’élever encore, semblent être les témoins du projet d’un autre clocher. Faut-il pour autant croire la légende crouycienne qui raconte que patiemment les habitants avaient réuni une somme importante pour construire un clocher plus en rapport avec la nouvelle église et que, à l’heure de la décision finale, ils ont préféré bâtir une halle pour soutenir le commerce local et faciliter les échanges alors qu’une famine sévissait dans le pays ? A côté de la légende, il y a la part importante que M. de Sépoix prit à la construction de la halle, comme de l’église n’était-il pas seigneur du lieu ? alors, tout simplement, sa mort n’aurait-elle pas fait dévier le projet ? Toujours est-il que, malgré certains qui prétendent que notre église n’a pas de clocher, il est toujours solide. Il abrite ses trois cloches qui carillonnent joyeusement les jours de fête. Avant la révolution, il semble qu’il y avait quatre, dont une seule est restée pour convoquer les habitants aux assemblées. A cette époque, il fallait des canons et des pièces de monnaie. Ainsi furent fondues « Léontine Françoise » qui avait été baptisée le 9 novembre 1769 et une de ses compagnes. « Marie Claude Hélène », donnée par Messire Claude Dupré, alors curé de Crouy, et baptisée par lui le 2 février 1764, eut un meilleur sort : elle fut placée dans le clocheton du Palais de Justice de Meaux, d’où elle fut descendue en 1882, lors de la construction de l’Hôtel de Ville. Seule resta en place « Lovse3, datée de 1571 ; elle avait eu comme parrain Robert de Sépoix et comme marraine Loyse d’Ongnyes. En 1864, Loyse fut fondue pour donner naissance à nos trois cloches actuelles qui furent baptisées par Mgr Allou, évêque de Meaux, le 9 octobre 1864 ce sont : 

  • Louise Marie Jacques Elisabeth, parrain Jacques Lecoffre, marraine Pétronille Brigot, veuve Trévez, son diamètre est de 142 cm, elle pèse environ 1 700 kg ; c’est la plus grosse du canton.

  • Julie Victorine, parrain Jules Hermand, marraine Victoire Haran son épouse ; diamètre 105 cm, poids 650 kg

  • Angélina Alphonsine, parrain Alphonse Lepreux, marraine Angélina Boulard son épouse ; diamètre 89 cm, poids 400 kg. Elles portent toutes trois : Alphonse Jamme, curé ; Louis Léopold Dufresne maire ; Auguste Robert de Rostang président de la Fabrique ; Dubuisson Gallois fondeur.

LE PORTAIL (1536) : malheureusement il est très abîmé, en partie au temps de la Fronde, par les « Lorrains » qui saccagèrent bien plus encore le château du Houssoy, mais surtout par le temps, car la pierre employée est très friable, ceci est vrai aussi pour le reste du bâtiment. De facture renaissance il est coupé par un pilier à double face surmonté d’une niche privée de sa statue. Les coins supérieurs sont ornés d’un médaillon. Au-dessus du bandeau un fronton en triangle est garni de trois médaillons plus gros. Ces médaillons portaient soit des portraits, soit les armes des Sépoix. Sur les piliers extérieurs, on devine les traces d’inscriptions en lettres gothiques. Un peu plus lisible, l’inscription sur le pilier central : Sans plus enquérir ni varier Le vingt deuxième jour de janvier L’an mil cinq cent trente six Aux asseurs Dieu fasse merci. C’est la date de l’achèvement du gros œuvre de la construction. Faut-il conclure de ce texte que les asseurs ou collecteurs de la taille et des impôts ont dû recouvrir les frais de la construction sur la population de Crouy ? Sans doute, en partie M. de Sépoix se chargeait de la grosse part, mais ? ou bien étaient-ils de bons chrétiens qui pensaient à leurs fins dernières ?

L’INTERIEUR : c’est à Méry de Sépoix, seigneur de Crouy, mort avant 1559 que nous devons la construction et le gros œuvre de notre église. Son fils Robert, mort en 1586, poursuivit l’œuvre commencée. Si le portail est daté de 1536, les travaux ont commencé par le chœur, comme en témoigne l’inscription sur le pilier de droite (classée 1908) : « L’an de grâce mil cinq cent vingt septembre M’a fait maître Pierre de Brie (ou de Bree) » La nef centrale se situe donc dans la première moitié du XIVème siècle. Elle est à croisées d’ogives. Le latéral nord est de même facture, peut être un peu plus tardif, si l’on en croit une date : 1620, inscrite sur un contrefort extérieur, à moins que ce ne soit une restauration. Entre les deux de fines colonnes très élancées, sans chapiteau. Le transept et l’abside sont du XIVe avec fenêtres flamboyantes et pendentifs aux clés de voûtes. Les proportions de l’ensemble sont imposantes, certains ne parlent-ils pas de « petite cathédrale » ?

LE CHŒUR ET L’ABSIDE : les murs de l’abside sont entièrement recouverts de boiseries, un peu hautes peut être puisqu ‘elles cachent le bas des vitraux. En bois sculpté et peint, elles enchâssent le retable qui porte une toile représentant le Christ ressuscité. Le retable est surmonté d’un groupe qui paraît aussi en bois : S. Cyr et Ste Julitte allant au martyre. C’est un hommage aux patrons de l’église et de la paroisse. Boiseries et retable sont un don du duc de Gesvres : elles sont datées de 1670. L’ensemble a été classé le 29 mai 1979. Une grille de communion avait été donnée en 1775 par le duc de Gesvres, en même temps que la chaire. Elle fut remplacée en octobre 1872, par un autre don de l’abbé Jamme, alors curé de Crouy, pendant qu’on refaisait le dallage du chœur. Cette grille classée en même temps que les boiseries est donnée sur le classement comme « fer forgé XVIIIe » ceci paraît une erreur. L’autel avait été refait en 1891 avec des parties de l’ancien autel, dont le tabernacle. En mars 1913, l’abbé Chapellet fait un appel à ses paroissiens car cet autel « menace ruine et nécessite au plus tôt d’importantes réparations » et il explique : « L’autel est en pierre tandis que les marches sont en bois de chêne. La pierre de la base de L’autel est rongée par le salpêtre et brisée en plusieurs endroits. Les marches envahies par des champignons sont pourries et effondrées en parties. La cause de cette destruction se trouve dans le massif de plâtre sur lequel l’autel est posé, massif entièrement salpêtré. D’après l’avis d’hommes compétents, le seul remède à cet état de ruine est de remplacer le massif en plâtre par un massif en chaux et les marches en bois par des marches en pierre, puis de refaire l’autel en n’employant que les parties demeurées saines. Cette restauration inévitable entraînera vu les dimensions du Maitre-Autel, des dépenses assez élevées. Aussi, chers Paroissiens, je fais appel à votre générosité pour pouvoir doter notre belle église d’un autel digne d’elle. L’appel fut entendu et l’autel fut refait. Il semble qu’il y eut peu de réemploi.

Les reliquaires sur les boiseries sont de style Louis XV. Les deux plus grands proviennent de la chapelle de Notre Dame du Chêne ; ils avaient été donnés par le duc de Gesvres. Les deux autres ont été légués par l’abbé Bernier. Ils contenaient : 

  • deux ossements de S. Boniface

  • des reliques de Ste Clotilde, de Ste Aulde et de S. Céran

  • des reliques de S. Victor, Ste Claire et Ste Justine

  • une relique de Ste Hélène Lors d’une reconnaissance, le 13 octobre 1906, ces reliques ont été enlevées pour être déposées dans une unique caisse scellée. Mais on ne dit pas où est cette « caisse ».

Les vitraux sont un don de Louise d’Ongnyes, veuve de Robert de Sépoix (fin du XVIe) ils représentent :

  • à gauche : Robert de Sépoix agenouillé ayant derrière lui S. Robert son patron Méry de Sépoix, père de Robert, lisant une prière « Seigneur apprends-moi à faire ta volonté et après ma mort donne-moi la vie éternelle » avec aussi S. Méry.

  • à droite : Louise d’Ongnyes aussi agenouillée avec S. Louis roi de France Pierre de Sépoix, oncle de Robert, représenté sous les traits de S. Pierre Ce vitrail est daté de 1613.

  • au centre : restes de vitrail ancien. L’ensemble des vitraux est classé 1908. Ils ont été restaurés en 1881 (cf celui de gauche). Touchés au bombardement de Crouy en 1918, ils furent déposés pour éviter le pire, puis restaurés et replacés par les Beaux Arts en 1919.

Mais lisons les notes de l’abbé Chapellet : « Vers la fin du mois de mai 1918, la Vie armée française dont faisait partie, à titre d’officier, M. l’Abbé Chapellet, curé de Crouy, fut obligée de se replier de la Vesle sur la Marne. Dès qu’il fut autorisé M. Chapellet, cantonné à Meaux, se rendit dans sa paroisse qui, alors, ne se trouvait qu’à six kilomètres ennemis et subissait de fréquents bombardements. Crouy, dont la population avait été évacuée par ordre de l’autorité militaire le 29 mai, avait été pillé et saccagé. Un obus tombé à vingt mètres du chevet de l’église avait endommagé assez sérieusement les verrières de l’abside, classées lors de l’exécution de la loi de séparation, ainsi que le vitrail de la chapelle du Sacré Cœur.

Le ministère des Beaux Arts, craignant des dégâts plus considérables (dans la pensée des chefs militaires, Crouy devait être abandonné par les troupes françaises avant la reprise de la contre offensive) fit déposer et transporter les vitraux de l’abside à Chantilly (Oise) ainsi que la peinture sur bois représentant Joseph pendant les années d’abondance (tableau classé)…

Le 29 août 1919, l’abbé Chapellet, revenu à Crouy démobilisé, écrit à M. Boudinaud architecte à Meaux, délégué de M. le Ministre des Beaux Arts pour la conservation et l’entretien des monuments historiques :

« Voici plus de deux mois que les caisses contenant les vitraux déposés en 1918 ont été rapportées dans l’église de Crouy. Je commence à craindre que l’hiver arrive sans que les grandes baies du chœur soient regarnies de leurs verrières. Il serait urgent cependant que tout soit remis en état avant la mauvaise saison. Les toiles qui remplacent les vitraux ne peuvent pas tenir indéfiniment. C’est d’ailleurs une protection bien peu efficace contre le vent, la pluie et le froid. Votre intervention auprès des Beaux Arts pourrait, je pense accélérer la remise en état des verrières de l’église de Crouy. Je vous serais reconnaissant de vouloir bien vous y employer. »

Le 6 octobre 1919, M. le Maire de Crouy communique à M. le Curé une instruction du Ministère des Beaux Arts demandant « si les objets classés existent encore intacts, s’ils sont endommagés, s’ils n’existent plus, s’ils ont été détruits par explosion, incendie, s’ils ont été dérobés ». M. le Curé retourne la circulaire à la mairie avec la note suivante : « Il y a quatre mois environ, le panneau peint du XVIe et les caisses contenant les vitraux déposés lors des bombardements de 1918, ont été rapportés de Chantilly dans l’église de Crouy sur Ourcq. D’après l’ordre laissé par le Sous-Officier convoyeur, l’ouverture des caisses ne doit être faite qu’en présence d’un représentant n’étant pas encore venu, les vitraux demeurent enfermés dans leurs caisses. Il serait grand temps, cependant, vu la mauvaise saison toute proche, que les verrières soient remises en place. » L’abbé Chapellet qui laisse ses notes ne dit pas s’il a eu froid en hiver, ni quand les verrières ont été replacées.

Les stalles datent de 1780, don de Louis Joachim Paris Potier, duc de Gesvres. A remarquer les deux écriteaux peints sur les colonnes : « banc des marguillers » « banc des autorités »

LA NEF CENTRALE : la chaire est de 1775, don du même duc de Gesvres et œuvre d’un ouvrier de Crouy, nommé Laplace. Le contour est orné de sculptures délicates représentant des feuillages. Le panneau du caisson portait les armes des ducs de Gesvres, qui ont été supprimées à la Révolution ; au-dessous de l’abat-voix : une colombe ; au-dessus un ange jouant de la trompette. L’escalier de cette chaire était très malcommode. Lors d’une cérémonie de confirmation, Mgr Allou, évêque de Meaux, eut quelque peine à en gravir les marches. Il s’en plaignait au cours du repas qui suivit auquel étaient conviés les membres du Conseil Municipal. Les conseillers se cotisèrent aussitôt et réunirent entre eux la somme nécessaire pour faire l’escalier actuel. De chaque côté de la chaire, un tableau : Côté autel : sur toile, adoration des Mages (1671) Côté portail : sur bois, la Trinité avec au bas le donateur religieux de Cerfroid, classé XVIIe en 1955.

Sur le pilier, près de la chaire, au-dessus d’un tronc une inscription (inscrite à l’inventaire 1978) « rachetez vos péchés par les aumônes Dan C IV Tronc pour les pauvres malades de cette paroisse 1765 ». A la tribune, un petit « orgue simplifié » acheté en 1891 sur les ressources particulières de M. le Curé. Remarquons toutefois que les tuyaux ne sont là que pour la façade ; coupés en deux, ils ne sont nullement raccordés à l’instrument qui n’est qu’un gros harmonium.

En face la chaire : un Christ en bois. Ce Christ qui semble du XVIIe, était dans le grenier du presbytère. Restauré il fut placé en avril 1981 au lieu d’un autre, en bois aussi mais peint et vermoulu.

Sur les piliers entre la nef et le latéral nord vous remarquez des traces de litre. Au moyen âge, pour les grands personnages, l’église était tendue de draperies noires, ornées des armoiries du défunt. Pour de plus petits seigneurs, il était moins coûteux de peindre une bande noire autour de l’église sans oublier de distance en distance les armoiries. Passée la période de deuil, la litre pouvait être badigeonnée ou rester apparente ; s’il en était besoin, on recouvrait l’ancienne litre des armes du nouveau défunt. L’usage est resté. Les seigneurs y tenaient jalousement. Nous avons ici les armes de René Potier, premier duc de Gesvres, mort en 1670.

LATERL NORD : Le vitrail près de l’autel de la Ste Vierge, don de l’abbé Vigne, représente l’Annonciation. Au sommet de ce vitrail et des suivants qui sont de la même époque, des restes de vitaux anciens heureusement conservés : le Christ sur les genoux de sa mère – le Christ en croix avec Marie et S. Jean…

Entre la tribune et la porte, deux tableaux : l’ange Gabriel et le Christ en agonie. Plus près de L’autel, un autre tableau : « Vierge et Enfant » don du Dr Ricord, toile peinte XVIIe (inscrit à l’inventaire en 1980). L’autel en bois est de la fin du XIXe. Il est surmonté d’un vitrail représentant l’Immaculée Conception du XVIIe. Restauré lors de la pose des grisailles, en 1882, grâce à la famille Lecoffre, il porte au bas les initiales des membres de cette famille. Cet autel, dédiée à la Ste Vierge, portait une statue de plâtre, assez grande, de N.D. des Victoires. Cette statue dont le socle était rongé par le salpêtre a été descendue en 1979 pour faire place à celle de N.D. du Chêne. La statue primitive de N.D. du Chêne, conservée dans l’église depuis la Révolution, a été volée en 1973. Il convenait de la remplacer pour en conserver le souvenir. La générosité des paroissiens a permis de faire sculpter celle-ci : elle ne ressemble pas à la précédente, l’artiste, M. Bedel, lui ayant donné une allure plus moderne. De chaque côté de l’autel, deux tableaux peints par M. Devillis, de Crouy, (XIXe) représentent la découverte de la statue en 1639 – la translation de N.D. du Chêne à l’église en 1792. Ces tableaux ont été inscrits à l’inventaire en 1981. Pour N.D. du Chêne cf plus loin.

Passons sur les nombreuses statues de plâtre qui entourent l’église, mais pas sans remarquer combien nos ancêtres, et peut être plus spécialement l’abbé Cailloux, qui en 1891, en acheta huit, avaient le culte de ceux qui au Ciel sont nos intercesseurs, après avoir été sur terre des modèles à imiter.

LATERAL SUD : Aux fonts baptismaux, un autel en bois surmonté d’un rétable qui encadre une toile peinte : le Baptême de Notre Seigneur – XVIIe – classé en 1967. De chaque côté un cadre : S. François de Sales (inscrit à l’inventaire en 1981 – et S. Vincent de Paul). Sur le mur à gauche, un tableau peint sur bois de 1584 : Joseph pendant les années d’abondance en Egypte – classé cf ci-dessus les notes de l’abbé Chapellet à propos des vitraux.

Sur le pilier, une toile : la Ste Vierge remettant le rosaire à S. Dominique (inscrit à l’inventaire, 1981). Près de la porte, un petit autel. Dans la niche fermée d’une grille de fer forgé qui le domine, était la statue de N.D. du Chêne. C’est là qu’elle fut volée. En remontant ce latéral, nous passons sous le clocher. Dans le transept, quelques tableaux attirent le regard : au-dessus du confessionnal, une toile très abîmée : l’Assomption de la Ste Vierge ; à côté Ste Madeleine. En face sur le pilier : une copie du musée du Louvre : la Circoncision par M. Guinier. Au-dessus de la porte de la sacristie : une apparition de la Ste Vierge à S. Dominique semble-t-il. Le vitrail au-dessus de l’autel porte les initiales de la famille Pouthier. L’autel du Sacré Cœur, en pierre, est de 1891, ainsi que la grille de séparation et les deux verrières en grisaille. Ils ont été payés « sur les ressources particulières de M. le Curé ». Notons qu’avec l’harmonium et les huit statues achetées en même temps, la somme de ces « recettes particulières » s’élevait à 5 740 Francs et totalisait en fait des dons divers.

LE MAUSOLEE DE M. DE SEPOIX / au sol devant l’autel du Sacré Cœur, on remarque une dalle blanche : c’est l’emplacement du mausolée des Sépoix qui a été démoli à la Révolution, puisque c’était une marque de féodalité. Par testament du 1er mars 1584, Robert de Sépoix demande d’être inhumé dans l’église de Crouy, devant l’autel de Notre Dame et que sa sépulture soit dressée et faite de la forme et manière que celle de feu de bonne mémoire messire Emery de Sépoix, son père. Cela supposerait deux mausolées. Or on ne trouve trace que d’un seul et les inscriptions sur le monument ne parlaient que de Robert. Où était l’autre ? Ce monument avait six pieds de long sur 4 d’élévation et de largeur. Construit en pierre de liais, de facture simple, il était recouvert de plaques de marbre. Au-dessus du tombeau sur une pierre de marbre noir s’élevait une statue de M. de Sépoix : à genoux, mains jointes devant un prie-Dieu, gantelets et casque à panache à ses pieds. Le tout en pierre de liais, sauf les mains et les pieds qui étaient en marbre blanc. Sur une face, une inscription latine servait d’épitaphe. De l’autre côté les vers suivants : « Si le mal trop constant à me combler de peines, Qui s’est dix et sept ans logé dedans mes veines, Ne meurt point assailli d’un bras trop vigoureux, Malheureux mes beaux jours qui coulaient bien heureux, Je me sentais issu de la fameuse race De tant de braves cœurs dont je suivais la trace, La fortune alliée avecques la vertu M’avait de tant de biens et d’honneurs revêtu, Le fruit de mon mérite et l’amour de mon prince M’avait fait gouverneur d’une belle province, Le collier de son ordre avait récompensé Avecques tant d’honneur mon service passé, Je goutois les plaisirs d’un si doux mariage Et tant de fruits honoraient l’automne de mon âge, Que mon âme peut être en mourant eut quitté Avec quelques regrets tant de félicité. Mais les longues douleurs qu’en mourant j’ai senties Avoient melé ces fleurs de tant d’aspres orties Et l’heure de la mort qui ne pardonne à rien M’a tout ensemble osté tant de mal et de bien Que des liens de mon corps mon âme s’est ravie Ni désirant la mort, ni désirant la vie. Seulement j’ai regret à ma chère moitié Et te prie, ô Seigneur, que ta douce pitié Mettant mon âme à nue ès bras de ta clémence Qui la doit revêtir du manteau d’innocence Fasse que le trépas ne désunisse point Ce qu’un amour si saint avoir si bien conjoint. Ainsi que ma souvenance à jamais la possède Et qu’es tant affranchi par un double remède, De la double prison de deux cruelles morts Qui suivent les esprits dépouillés de leurs corps, De la mort du péché par la grâce éternelle Et de la mort d’oubli par l’effet de sa foi Je vive longuement dessus la terre en elle Et perdurablement dessus les cieux en toi. »

Le 2 janvier 1791, Louis Paris Potier, duc de Gesvres, présente au Conseil une requête en vue d’obtenir que les restes de ses ancêtres qui étaient à la chapelle de N.D. du Chêne fussent apportés à l’église et déposés dans le caveau. Le Conseil accepte « moins encore par obéissance que par un mouvement de la reconnaissance due».

Semblable démarche dut être faite à Cerfroid, si bien que le 21 mars 1792 eut lieu la translation : « L’an mil sept cent quatre vingt douze, le 21 mars, ont été présentés à cette église les cœurs et entrailles des cy devant seigneurs de cette paroisse, lesquels avaient été cy devant déposés, savoir les cœurs dans l’église des Mathurins de Cerdfroid et les entrailles dans la chapelle de N.D. du Chêne de Crouy, en vertu des intentions portées par les testaments des cy devant seigneurs cy après nommés. Les dîtes maisons des Mathurins de Cerfroid et des Picpus de N.D. du Chêne de Crouy ayant été regardées comme biens nationaux et à la disposition de la Nation, suivant le décret de l’Assemblée Nationale du 2 novembre 1790 et en vertu du dit décret lesdites maisons vendues, M. Potier de Gesvres s’est trouvé dans la nécessité de faire exhumer lesdits cœurs et entrailles de ses ancêtres dans le dessein de les faire inhumer dans cette paroisse suivant l’acte du 11 janvier 1791, lesquels curé, marguilliers, officiers municipaux et habitants ont consenti que les entrailles seront déposées dans le caveau de la sépulture de Monsieur de Sépoix, ancien seigneur de Crouy. En conséquence M. Carré, curé actuel de Gesvres, a aujourd’hui présenté dans cette église les dits cœurs et entrailles de

  1. très haut et très puissant seigneur, monseigneur François Bernard Potier de Gesvres, duc de Tresmes, pair de France, chevalier des Ordres du Roy, premier gentilhomme de sa chambre, gouverneur de Paris, maréchal es camps et armées du roy, gouverneur et capitaine des chasses de la capitainerie et maison royale de Montceaux, seigneur dudit Crouy et autres lieux, décédé à Paris le 12 avril 1739.

  2. très haut et très puissant seigneur, monseigneur François Joachim Potier de Gesvres, duc de Gesvres, pair de France, brigadier des armées du roy, chevalier de ses trois ordres, premier gentilhomme de la chambre de sa majesté, gouverneur de Paris et de la province de l’Isle de France, gouverneur et capitaine des chasses de la capitainerie et maison royale de Montceaux et aussi seigneur de Crouy, décédé à Paris le 19 septembre 1757.

  3. très haut et très puissant seigneur, monseigneur Louis Potier de Gesvres, duc de Tresmes, pair de France, lieutenant général des armées du roy, chevalier de ses trois ordres, gouverneur et lieutenant général pour S.M. de la province de l’Isle de France, gouverneur et capitaine du château et capitainerie de la maison royale de Montceaux et aussi seigneur de Crouy, décédé à Paris le 28 décembre 1774.

Après ladite présentation, il a été célébré un service solennel dans ladite église et après la grande messe l’absoute et les cérémonies ordinaires suivant l’usage du diocèse auxquelles ont été invités les officiers municipaux de ladite paroisse de Crouy, de la garde nationale et gendarmerie à la résidence du lieu, lesdits cœurs et entrailles des cy devant seigneurs de Gesvres et de Crouy ont été inhumés dans le susdit caveau de ladite église en présence de Louis Joachim Paris Potier de Gesvres cy devant seigneur et propriétaire actuel de Crouy et de M. Adam Joachim Marie de Melun décoré de l’ordre militaire, de Me Claude Moine prêtre, de M. Michel André Moreau capitaine de la gendarmerie nationale, de Claude Maurice Le Clerc administrateur, de M. Louis Philippe Joseph prince François, de Me François Benoît Vincent homme de loi, de Isidore Plailly régisseur de Gesvres et des sieurs officiers municipaux de Crouy et Gesvres, lesquels ont signé avec ledit sieur Potier de Gesvres et lesdits sieurs André Carré curé de Gesvres et Claude Pierre Carré curé de ladite paroisse de Crouy, lesdits jour et an que dessus ».

La loi de 1793 ordonnant de détruire toutes les marques de féodalité s’appliqua naturellement au mausolée qui fut démoli avant le 8 juin 1793, puisque à cette date, les registres paroissiaux font mention de la pose de trois bancs « où était cy devant le « mosolé » de M. de Sépoix ».

On ne se souvenait plus de l’emplacement exact de ce monument, lorsqu’en 1875, M. le Curé Vigne voulut faire refaire ces bancs. M. Chéron, entrepreneur de maçonnerie, se heurta alors à un massif de pierre contre lequel s’émoussaient les outils. On dut renoncer à l’entamer. On parvint cependant à desceller la dalle qui mit à découvert un caveau dans lequel on trouva :

  • une boîte d’argent sur laquelle une inscription indiquait qu’elle contenait le cœur de M. de Sépoix

  • deux boîtes en chêne, dont une plombée, mesurant environ 40 x 40, contenant l’une les cœurs, l’autre les entrailles des ducs de Tresmes et Gesvres.

Les cœurs sont renfermés dans une enveloppe de plomb, recouverte d’une autre enveloppe d’argent. Sur cette dernière sont gravées les armes des ducs de Gesvres et on lit les inscriptions suivantes :

(en latin) Cœur de Bernard François Potier de Gesvres, duc de Tresmes, Pair de France, gouverneur de la ville royale, décédé le 12 avril 1739, âgé de 83 ans, 9 mois, 9 jours.

(en latin) Cœur de François Joachim Potier, duc de Gesvres, Pair de France, chambellan du roi, de noble origine, chevalier, décoré du collier du roi, gouverneur de Paris et de l’Ile de France, décédé 1757, âgé de 65 ans.

Au revers (en latin) pour la rédemption de son âme, il demanda en mourant sa demeure à Cerfroid, afin que libre parmi les morts il repose avec le Christ.

(en français) Très haut et très puissant seigneur monseigneur Louis Léon Potier de Gesvres, duc de Tresmes, pair de France, lieutenant général des armées du roy, chevalier de ses ordres, gouverneur et lieutenant général de la province d’Ile de France, décédé en son hôtel, rue Neuve S. Augustin, le 28 décembre 1774 dans la 80e année de son âge.

Ce caveau fut ouvert à nouveau le 30 avril 1884, pour y déposer le cœur de Charles Pouthier, commandant du vaisseau de l’Etat « la Loire » décédé en mer le 8 mars précédent à 58 ans. L’urne qui le renferme porte une plaque d’argent sur laquelle on lit : « Ici est renfermé le cœur de Charles Pouthier, capitaine de vaisseau, commandant la Loire, décédé en mer le 8 mars 1884. Souvenirs affectueux, regrets unanimes. L’équipage de la Loire à sa famille. »

Il n’y a aucune inscription sur la pierre qui ferme ce caveau. C’est la simplicité, presque l’oubli, qui recouvre les gloires anciennes de Crouy.

Les registres paroissiaux témoignent du souci du bon entretien de l’église. C’est ainsi qu’en 1778, on répare la charpente et la couverture de la nef et qu’en 1791 on décide de faire un marchepied en bois entre le clocher et l’horloge pour la conservation de la voûte.

En 1888, d’importants travaux ont été votés. Grâce à un legs de 5000 frs et à une souscription de particuliers, la Fabrique a pu participer pour 11 057 frs 45, la commune se chargeant du reste du devis qui s’élevait à 24 000 frs. C’est à cette date que fut construite la sacristie actuelle qui remplace celle que le duc de Tresmes avait donnée en 1750 et qui s’effondrait. L’abbé Chapellet termine l’article où il fait appel à ses paroissiens pour la restauration de l’autel : « Grâce à vos dons, la toiture de l’église a été réparée, l’électricité installée, une grande partie des chaises renouvelée, des ornements achetés, etc… »

Depuis Crouy ne laisse pas tomber son église. La Municipalité entretient le gros œuvre et la toiture, malgré les difficultés qu’entraînent souvent les monuments classés. En 1982, elle a aussi fait réviser entièrement l’installation électrique, alors que quelques années auparavant les cloches avaient été électrifiées. De même la générosité des paroissiens n’a pas faibli qui a permis la sonorisation (1978) et un adoucissement réel de la température en hiver par la pose de radiants au gaz (novembre 1982).

Au début du printemps 1992, les travaux de réparation de la toiture ont été entrepris. Il a fallu attendre 2 années entre l’étude de la programmation de ces travaux, l’accord des subventions nécessaires et le début du chantier. Mais il s’agit d’une réfection complète de l’ensemble des toits, y compris celui du clocher, en excluant toutefois celui de l’abside, restauré précédemment. La restauration de plusieurs tableaux a été décidée et les travaux exécutés. Deux colonnes ont été édifiées près du chœur.